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Sujet: « quand la naine rencontre la rousse. » - Dim 18 Juil - 22:11
« we'd be so less fragile if we're made from metal and our hearts from iron and our minds from steel »
001 ∆ COMME ENVIE DE SANG SUR LES MURS
« Écoute, j'en sais rien moi. C'est la rumeur, c'est ce qui se dit dans les rues. Les gens sont jaloux, tristes et en colère alors c'est peut-être juste des ragots rien de plus. Hé, tu m'écoutes ? » Je me laisse droit à un soupir et me mordille un instant la lèvre, luttant contre l'envie brûlante de répondre non. Voilà la troisième personne que j'interroge sans plus de succès. À croire qu'ils se sont tous donnés le mot pour ne rien dire. Pour garder le « secret ». C'est à celui qui craquerait en dernier ou quelque chose comme ça. Pourtant quelqu'un a craché le morceau quelques heures auparavant. Mon esprit reste bloqué sur les quelques mots prononcés à la sauvette par ma mère ce matin au petit déjeuner. « Red doit sûrement être avec sa petite voisine. Mince, comment elle s'appelle... C'était ton amie au lycée. Alexia ou quelque chose comme ça. Tu sais bien... » Ces quelques mots qui m'ont tordu le cœur comme une vulgaire éponge, réduisant tous mes efforts de la veille à néant. Charlotte première du nom n'en sait pas plus que ça. Juste quelques murmures volés au super-marché ou dans les rues du village. Sautant sur l'occasion d'être réveillée en même temps que Jarvis - pour une fois - je lui avais également demandé quelques explications. Mais à son tour, il m'avait assuré qu'il n'en savait pas plus que moi. « J'en sais pas plus que toi. Je la vois jamais moi ton Aleksah. Et puis, maman répète tout ce qui se dit dans le village. » Mensonges. Il est au courant de tout ce qu'il se passe autour de lui. Mon frère est tellement attentif qu'une mouche ne pourrait se suicider dans qu'il ne soit au courant ! Mais mes insultes et autres menaces de mort lente et douloureuse sont restées vaines. Que cherchait-il à protéger ? Alex, notre ancienne amitié ou mon départ anticipé ? En fulminant contre toute la famille Wickham, j'ai claqué la porte. Dans les rues, peu de gens circulent. Il est bien trop tôt, le soleil se lève à peine. Saleté d'insomniaque comme dirait Jarvis. Je réveille toujours tout le monde, trop maladroite pour ne pas bousculer un objet dans le noir. Il suffit de presque rien, mon coude effleurant une casserole dans la cuisine... et le tour est joué. Un grand fracas qui réveille tout le monde chaque matin. « Ça ne m'avait pas vraiment manqué à ça ! » qu'avait dit mon frère en grognant dans sa tasse de café. Mes plus plates excuses n'ont rien changé. Il était de mauvaise humeur pour la journée. Dehors, sous la brise fraiche du matin, je laisse mes pas me guider partout et nulle part à la fois. Le soleil va briller aujourd'hui et les nuages s'enfuient déjà vers le nord. Pour peu que le remord ne me ronge pas autant, je serais presque de bonne humeur. Mais presque. Ici, je peux errer où bon me semble sans risquer de tuer personne. Enfin... c'est ce que je crois quand un gamin d'à peine onze ans m'interpelle en me demandant « Ouais, madame c'est toi sur la couverture du magazine de ma sœur ? T'es belle. » Et merde. Je trace et bifurque dans une ruelle au hasard, ne sachant pas vraiment où aller. Je me permet un juron lorsque je suis sûre qu'il ne m'entend plus. Voilà que les gamins me reconnaissent maintenant. C'est n'importe quoi. Le monde tourne à l'envers. Mes propres amis ne semblent pas me reconnaître lorsque d'un sourire je les salue de l'autre côté de la rue mais les gosses savent pertinemment qui je suis. Je me permet un autre soupir. C'est là que je croise Leah. Amies d'enfances, elle m'interpelle d'un sourire, ne semble pas m'en vouloir ou me traiter comme une étrangère. Je profite de l'occasion pour lui demander ce qu'elle sait sur Red. Ses yeux bleus me jaugent lorsqu'elle répond rapidement qu'elle n'en sait rien, que ce sont que des ragots. Je ne le crois pas et elle le sait. « Pourquoi tu ne vas pas tout simplement lui demander ? » Je lâche un rire nerveux, écarte en tremblant une mèche rousse qui se prend dans mes yeux. « Tu me vois sérieusement arriver chez lui, sonner et lui dire 'Hé tiens Red, je suis contente de te voir. Au fait, tu m'as vraiment remplacée par ta voisine ?' » Leah se pince la lèvre inférieur en détournant les yeux. Elle se sent blessée, victime de ma colère. Prête à s'enfuir elle tourne les talons en haussant les épaules. Je m'en veux à peine, ce qui me trouble encore plus. Cependant, elle se permet un dernier murmure avant de disparaître au détour d'une rue : « Il faudra bien que tu commences par quelque chose. » Tout juste Auguste. Mais le plus tard sera sans doute le mieux. Qu'est-on censé dire à la personne que l'on aime et que l'on a abandonné deux ans plus tôt sans jamais donner de nouvelle ? Juste un bonjour nerveux et une accolade chaleureuse ? Juste quelques mots d'excuses et un sourire ravageur ? Ce serait bien mal connaître Red. Mon petit cœur fragile aurait sans doute succomber si la situation avait été inversée. Mais celui de Red est bien trop complexe et fermé pour pardonner de tels actes. À l'époque déjà, le moindre faux pas était source d'ennuis et notre bonheur s'entachait souvent de disputes futiles. Nous étions tellement en désaccord que même nos amis les plus proches ne croyaient pas en notre relation. Sur le coup, on était heureux de leur prouver le contraire. Jusqu'à ce que je fasse tout foirer en partant. Mais ça c'est une autre histoire. Je marche tête baissée à travers les rues jusqu'à manquer de me cogner contre un lampadaire. À moitié sonnée, perdue à plusieurs centaines de kilomètre de Marbleton dans mes pensées new-yorkaises je n'ai pas remarqué où mes pas m'avaient emmené. Budd avenue s'étend devant moi comme un mauvais présage. Ce quartier que j'aimais tant a désormais une allure sinistre. Je pense un instant faire demi-tour au plus vite avant de croiser Red. Je ne veux pas, je ne suis pas prête, pas maintenant. Mais mon regard s'attarde sur un autre pavillon, juste à côté, un peu caché par une voiture. Sans le vouloir véritablement, mes points se serrent, ma mâchoire se crispe. Aller lui parler, la secouer comme un prunier ? Ce n'est sans doute pas la solution. Cependant, il est trop tard pour se défiler : une silhouette brune apparaît devant la porte. « Aleksah ! » Le prénom échappe à mon contrôle. Mes pas également. Je me retrouve d'un seul coup projetée devant elle, les lèvres pincées, le regard vide. « Aleksah... »
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Sujet: Re: « quand la naine rencontre la rousse. » - Mer 21 Juil - 12:18
Deux heures et trente-six minutes. Cela faisait deux heures et trente-six foutues minutes qu'elle fixait le plafond, allongée sur son lit, espérant pouvoir se rendormir un peu avant d'avoir à se lever. Mais c'était un espoir naïf auquel elle ne devrait plus se raccrocher, depuis le temps qu'elle se réveillait en pleine nuit, extirpée par un sursaut de son mauvais rêve habituel. Elle voyait, à travers la fenêtre dont elle n'avait encore une fois pas fermé les volets, poindre une lueur légèrement rosée, annonciatrice du lever du jour. Et merde. Elle n'avait vraiment pas assez dormi cette nuit. Elle en venait parfois à se demander comment elle parvenait à rester éveillée pendant la journée avec trois ou quatre heures de sommeil maximum dans les pattes, elle qui avant avait besoin d'une grosse dizaine d'heures de dodo. Maugréant après son oreiller, qui ne lui avait pas prodigué le confort auquel elle aspirait, elle se leva péniblement, étirant ses muscles rendus raides par son immobilité totale, et sortit d'une démarche trainante de sa chambre. Dans la maison, tout n'était que silence. William devait encore dormir. William. Elle refusait depuis quelques temps de l'appeler papa, comme souvent en temps de crise. Et il fallait dire qu'en ce moment, la situation relevait plus de la guerre que de la crise. Une guerre à sens unique, certes, puisqu'elle était la seule à se battre corps et âme pour lui pourrir la vie, mais une guerre tout de même. Aleksah avait quelque chose à lui faire payer, et elle prenait un malin plaisir à déployer tous les efforts possibles et imaginables pour parvenir à ses fins. Elle n'était qu'une petite merde, et elle en était particulièrement consciente, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir ce comportement qualifié de puéril par quiconque connaissant la jeune femme. Elle traversa la maison en silence, plus par habitude que par sollicitude à l'égard de son père, descendit les escaliers, extirpa du réfrigérateur une brique de jus d'orange, et s'assit sur le plan de travail de la cuisine. La fenêtre située juste en face d'elle donnait sur la maison du voisin. Red. Bon Dieu, elle ne savait pas quoi penser. Buvant d'un air distrait un peu de jus d'orange, elle tenta de faire le point. Et ce n'était pas évident. Même elle ne parvenait à savoir ce que lui inspirait le jeune homme. Il avait l'air tellement différent de ce qu'elle avait imaginé - après l'avoir observé furtivement aussi souvent, il avait bien fallu qu'elle parvienne à cette constatation. Quelque chose émanait de lui, et elle ne parvenait pas à en définir la nature. Elle refusait d'envisager l'éventualité selon laquelle cette sensation pourrait venir d'elle et des sentiments qui naissaient en elle, malgré son refus total de l'admettre. Elle ne le connaissait presque pas, après tout. Légèrement énervée de se surprendre à penser encore à ça, elle posa brusquement sa brique de jus de fruit sérieusement entamée, et monta s'habiller. Sa douche fut vite prise - elle n'avait pas pour habitude de traîner pendant cent cinquante ans sous l'eau, comme toutes ces nanas avides de resplendir comme aucune - et elle se retrouva alors bientôt sans rien pour occuper ses petites mains. Elle resta plantée au milieu du salon quelques instants, regardant autour d'elle afin de trouver de quoi s'occuper. C'est à ce moment qu'elle réalisa que la maison était dans un état pitoyable. Ni elle ni son père n'étaient des adeptes du ménage, et c'était souvent au premier qui en aurait marre de devoir se frayer un chemin au milieu du bordel ambiant. Elle jeta un coup d'oeil dehors. Le soleil commençait sérieusement à se lever, elle pouvait donc commencer à faire un peu de bruit sans craindre d'essuyer la colère divine du Kingsley en chef. S'emparant d'un sac poubelle, elle entreprit de jeter tout ce qui n'avait rien à faire dans le salon et qui ne lui appartenait pas. Si au passage, quelques objets auxquels William tenait pouvaient choir malencontreusement dans le sac, eh bien, ça serait bien fait, il n'avait qu'à ranger ses affaires. Remplir le sac ne lui prit pas beaucoup de temps. Elle avait fait le ménage par le vide dans la plus grande partie de la maison, et était étonnée de constater qu'à eux deux ils aient pu disperser autant de saloperies. La jeune femme sortit alors de la maison afin de se débarrasser de la quantité de détritus qu'elle ne voulait plus voir, et s'apprêtait à rentrer quand une voix familière l'interpella. « Aleksah ! » Elle avait beau avoir conscience de connaître cette voix, cette intonation, elle ne parvenait pas à se rappeler à qui elle appartenait. La curiosité la fit se retourner vers la personne qui avait parlé, et elle ne parvint à cacher sa surprise. Elle écarquilla les yeux, n'étant pas sûre de ce qu'ils lui montraient à ce moment-là. Chuck. N'était-elle pas censée se trouver à des centaines de kilomètres d'ici, choyée et adulée par d'illustres inconnus ? Visiblement, cette pensée n'était plus d'actualité. La rouquine arriva jusqu'à elle à une vitesse fulgurante, sans lui laisser le temps de réagir. Elle semblait légèrement contrariée, et Alex ne parvenait pas à comprendre pourquoi. « Aleksah... » Wow. Elle ne s'attendait vraiment pas à la voir là. C'était un réel choc. Elle mit un instant avant de se remettre de son étonnement qui se lisait forcément sur ses traits. Elle avait oublié à quel point celle qui fut sa camarade au lycée était grande. Peut-être que c'était juste elle qui avait oublié de grandir. Il n'empêche qu'elle devait lever légèrement la tête pour la regarder. Quelque chose qu'elle avait complètement oublié lui revint alors soudainement en pleine tête, deuxième choc en moins de trente secondes. Chuck était sortie avec Red. « Euh… Chuck ! Ca fait un bail… Qu'est-ce que tu fais là ? »
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Sujet: Re: « quand la naine rencontre la rousse. » - Sam 24 Juil - 16:25
Je déteste le silence. C'est comme ça depuis toujours. Je comble chaque blanc de conversations par n'importe quels mots, n'importes quelles pensées. Juste pour ne pas avoir à soutenir le silence gênant. La plupart des gens détestent ça. Le fait que je parle sans arrêt. Mais ils détestent également les blancs infinis dans leurs dialogues. Alors on fait quoi ? On se regarde dans le blanc des yeux pendant des heures en se disant " Bah puisque j'ai pas parlé, on peut pas considérer que c'est un blanc. " C'est stupide. Malgré tout il existe plusieurs sortes de silence. Il y a le silence gêné, celui que l'on emploi lorsqu'on ne sait plus quoi dire, qu'une personne nous intimide ou nous parle de choses dont on préfère nier l'existence. Dans ces cas là, il suffit de changer de sujet, de faire une gentille blague. Il y a le silence qui met fin à une conversation, lorsqu'on a épuisé tous les sujets et que l'on a plus rien d'autre à se dire qu'un au revoir vaguement soulagé. Et puis enfin, il y a le silence de surprise. C'est celui-là même qu'affiche Aleksah en ce moment. J'ai un peu de mal à savoir comment je dois le prendre. Est-elle surprise de me voir parce qu'il est tôt le matin, parce que je ne suis pas venue depuis deux ans ou parce que je ressemble à un fantôme de son passé qu'elle pensait enterré définitivement ? Je la laisse reprendre ses esprits un instant. Elle peut faire la connexion entre le lycée, nos amis et Red dans le calme pendant que j'en profite pour l'observe furtivement. Elle n'a pas vraiment changé. Pas vraiment grandi non plus. Ça me fait sourire. Je sais qu'elle ne se posera pas la question de ce sourire, trop plongée dans ses pensées pour le voir... et trop habituée à me voir avec ce même sourire de magazine depuis des années. Depuis qu'on a fait exploser quelques tubes à essais dans la salle de science au collège plus précisément. À l'époque, elle ne faisait que quelques centimètres de moins que moi. On passait notre temps à parlementer de tout et de rien en cours au lieu de suivre le protocole expérimental ce qui nous valait d'être toujours à la bourre et de casser sans arrêt le matériel. Et puis les choses se sont emballées. J'ai pris pratiquement une vingtaine de centimètres tandis qu'elle est restée toute petite, taille microscopique comme je disais souvent pour l'embêter. La bonne époque comme dirait les vieux. « Euh… Chuck ! Ca fait un bail… Qu'est-ce que tu fais là ? » J'affiche un sourire automatique, un sourire de mannequin. Un sourire sans joie, les yeux toujours un peu dans le vide. Est-ce qu'elle se sent menacée ou bien c'est juste moi qui suis un peu trop parano ces temps-ci ? Elle semble si sincèrement surprise que je commence à douter de ma théorie Red/Alex. Je me surprend à maudire Jarvis un instant pour ne m'avoir rien dévoilé de ce qu'il sait. Mes yeux ont beau se plonger dans ceux de la jeune femme, rien n'y fait : je ne suis pas vraiment douée pour décrypter les sentiments. De plus, je dois ressembler à un véritable fantôme surgit du passé à ses yeux puisqu'elle non plus n'a pas eu de nouvelles de moi depuis deux ans. Je me souviens encore vaguement de notre au revoir, la veille de mon départ. Je faisais la tournée de mes amis pour les prendre une dernière fois dans mes bras. Pas de promesses, pas de larmes, pas de petit corps tremblant. Ce n'était pas un adieu, à l'époque j'en étais persuadée. Aujourd'hui, tout est différent. Aujourd'hui je deviens l'inconnu, la méchante, celle qui est partie sans plus jamais donner signe de vie. Fini la gentille petite Chuck qui distribue des sourires à qui en veut, fini la jolie et fascinante Chuck et ses cheveux roux voltigeant d'un air innocent. Je deviens cible de toutes les suspicions. Si Aleksah n'y a pas déjà pensé, elle ne tardera sans doute pas à me voir comme une sérieuse concurrente de son histoire avec Red et tentera de me tenir à distance à grand renfort de haussements d'épaules et de sourires froids. Maudites soient les rumeurs. Maudits soient les silences. « Eh bien figure toi que ça fait deux ans que j'ai pas eu de vacances ! Du coup, je me suis dit 'Bah tiens, pourquoi pas poser des congés maintenant ?' Et me voilà. Je devais aussi avoir une armée de caméramans qui me suivent mais j'ai réussi à les mettre K.O et j'ai pu négocier ma tranquillité pour au moins un mois. J'ai hâte de revoir tout le monde même si la plupart pensent que je suis partie comme une voleuse. Enfin, au fond je m'en fous. Je peux à nouveau vivre chez moi et pas dans n'importe quel hôtel du fin fond de l'Italie. Ça fait du bien, un peu de calme. » Règle numéro un : Ne jamais lancer Chuck sur un sujet. Ne jamais lui poser de questions qui nécessitent une réponse ouverte. Trop tard, je suis lancée. Je laisse un maigre silence, pas de quoi lui laisser le temps de répondre, juste de quoi reprendre ma respiration pour ne pas devenir bleue. « Et puis ce matin, insomnie comme toujours alors je me suis lancée dans un tour du village. Mes pas m'ont menée ici, je sais pas vraiment pourquoi. Les vieilles habitudes sans doute. » Je mordille un instant ma lèvre mais ne peut m'empêcher un léger regard vers la maison de Red. Juste une fraction de seconde, assez pour faire vaciller mon cœur, assez pour qu'Alex le remarque sans doute... mais pas assez pour réellement voir la maison. Je laisse un instant de silence s'écouler. Alex n'en a sans doute rien à faire de ma petite vie. Elle se fiche probablement de la réponse à sa question. Elle espère sans doute que je lui dise quelque chose comme « Ne t'inquiètes pas, je ne suis pas venue te reprendre Red. » Mais à vrai dire je n'en sais rien. Dans le doute, mieux vaut de pas parler à tord et à travers. N'est-ce pas ? Je baisse légèrement la tête pour la regarder. Elle si petite. Peut-être que mes talons hauts n'étaient pas une bonne idée. Encore une vieille habitude sûrement. « Et qu'est-ce que deviens euuh, qu'est-ce que tu deviens j'veux dire ? » Je sens mon regard dévier une fois de plus malgré moi. Tout ça commence à devenir louche. Mais j'ai réussi à éviter son prénom de justesse. Essayons de pas commencer par les choses qui fâchent. Après tout, Aleksah était réellement mon amie. Avant.
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Sujet: Re: « quand la naine rencontre la rousse. » - Ven 30 Juil - 20:06
Cela faisait toujours un choc. Se retrouver confronté à de vieux souvenirs depuis longtemps enfouis dans un coin reculé de la mémoire. Cela faisait un choc violent, puissant, un peu comme une bonne gifle en plein visage reçue au moment où l'on s'y attend le moins. Et c'était quelque chose qu'Alex détestait. Passer outre le passé et tout ce qui s'y rapportait était une sorte de don, chez elle. Ou peut-être simplement un besoin qu'elle camouflait derrière sa pseudo-volonté de vivre dans le présent. Elle séparait avec une aisance incroyable tout ce dont elle souhaitait se souvenir et tout ce qu'elle voulait plus que tout oublier. Et même si Chuck ne faisait pas partie de la seconde catégorie, la voir apparaître devant chez elle ne l'incitait guère à se réjouir. Elle crut, pendant un puéril instant d'égarement, que la jeune femme était venue délibérément jusqu'à elle, et cette pensée ne la rassura guère. Puis un élan de lucidité la rassura brutalement. Il n'y avait rien d'étrange à ce qu'une ancienne habituée du quartier vienne à nouveau errer dans le coin. Ancienne habituée. Cette idée lui était venue d'un coup, et était indéniablement liée à Red. Le fait qu'elle ait fait le lien avec lui aussi vite la dérangea. Pourquoi donc fallait-il que la première chose à laquelle elle pense dès l'instant où elle revoyait une ancienne camarade de classe soit la relation que cette dernière avait entretenue avec son voisin ? Avait entretenue et s'apprêtait sans doute à entretenir à nouveau. Elle fit un effort non négligeable pour s'extirper de ces pensées stupides sans que cela ne se voie, et se concentra sur la personne qui se tenait là, devant elle, bien réelle, sans qu'elle parvienne à y croire. Le fait que sa coéquipière de catastrophes scientifiques ait grandi pendant qu'elle restait minuscule l'avait au départ ébranlée, presque complexée. Puis elle s'était résignée, accueillant avec un sourire indifférent les petits surnoms qu'on lui attribuait, et dont le charme restait douteux à ses yeux. Et puis comme ça, du jour au lendemain, elle s'en était allée, cette grande perche au sourire impeccable, sourire qu'elle arborait d'ailleurs en cet instant, sans même que cela n'intrigue Alex. Son départ n'avait pas attristé la brunette plus que ça. Elle s'était toujours attendue, sans savoir pourquoi, à ce qu'un avenir brillant lui tombe sur le coin de la figure, l'emportant dans des contrées lointaines. Et ça n'avait pas manqué. Plus de copine d'explosions diverses et variées, plus de rouquine à la silhouette parfaite, plus de "sale microbe" lancés en plein milieu des conversations. Mais elle se tenait à nouveau devant elle, cette grande dinde manucurée, avec cette expression figée d'un bonheur feint. Revenant peu à peu sur Terre, Alex se passa une main dans les cheveux, avec un air à la fois perplexe et gêné. Que faisait-elle là, sérieusement ? Son regard plongé dans celui de Chuck, elle eut la désagréable impression que cette petite visite n'était pas aussi impromptue qu'elle en avait l'air. Ce qui relevait de la paranoïa pure et simple. « Eh bien figure toi que ça fait deux ans que j'ai pas eu de vacances ! Du coup, je me suis dit 'Bah tiens, pourquoi pas poser des congés maintenant ?' Et me voilà. Je devais aussi avoir une armée de caméramans qui me suivent mais j'ai réussi à les mettre K.O et j'ai pu négocier ma tranquillité pour au moins un mois. J'ai hâte de revoir tout le monde même si la plupart pensent que je suis partie comme une voleuse. Enfin, au fond je m'en fous. Je peux à nouveau vivre chez moi et pas dans n'importe quel hôtel du fin fond de l'Italie. Ça fait du bien, un peu de calme. Et puis ce matin, insomnie comme toujours alors je me suis lancée dans un tour du village. Mes pas m'ont menée ici, je sais pas vraiment pourquoi. Les vieilles habitudes sans doute. » Et merde. Alex avait complètement oublié, depuis le temps, ce besoin que Chuck avait de répondre avec une précision effarante. Un moulin à paroles ambulant. Elle avait eu du mal à démêler ce flot continu de paroles, elle qui s'accommodait plus volontiers d'un doux et profond silence. Mais son cerveau était tout de même parvenu à analyser l'essentiel. Chuck était là pour environ un mois, elle était insomniaque, et elle s'était retrouvée dans le coin sans s'en rendre compte. En gros. Ah, et sa carrière avait l'air d'être grandiose. Mais ce n'était pas ça qui l'avait le plus intéressée. Non. C'était en fait ce regard, ce simple regard, bref, furtif, mais pas très discret, que la rouquine avait lancé vers la maison d'à côté. Alex avait senti son coeur se serrer soudainement. Et elle sut dès ce moment que Chuck allait purement et simplement reprendre possession de ce qui était sien. Mais sérieusement, est-ce qu'elle pouvait se plaindre ? Dire quoi que ce soit ? Avait-elle son mot à dire, elle, la gamine stupide qui s'évertuait à tenir Red à distance ? « Et qu'est-ce que deviens euuh, qu'est-ce que tu deviens j'veux dire ? » Le nom avait beau ne pas avoir été prononcé, il flottait quelque part entre elles, comme s'il avait été crié. Et puis ce nouveau regard, une fois de plus intercepté sans mal par Alex, avait fini d'attirer son attention sur ce qui était indéniable. Il semblait comme évident désormais que la conversation finirait tôt ou tard par s'orienter vers le sujet épineux du voisin esseulé. Et même si cette idée n'enchantait que très peu la demi-portion Kingsley, elle se prépara à vivre un mauvais quart d'heure, passé à écouter un éloge prononcé avec une emphase rarement égalée de la perfection de Red Isaacs, ce jeune homme dont Chuck-Belle Wickham était éperdument amoureuse. Elle entreprit alors de préparer la réponse dont Chuck n'avait absolument rien à faire, tentant de formuler une phrase durant plus de cinq secondes. « Eh bien je... poursuis vaillamment mes études. C'est pas mal ça. Le succès est assuré, dans un coin pareil. Je n'ai toujours pas eu de poussée de croissance, comme tu l'as sans doute remarqué. Et ma vie sentimentale est toujours aussi chaotique. Tu vois, genre comme quand on était gosses. Enfin bref. Tu veux t'asseoir ? Je t'aurais bien invitée à rentrer, mais mon père roupille encore, lui. » Elle avait débité sa petite réponse assez rapidement, sans vraiment regarder son interlocutrice, trop occupée à observer tout ce qui les entourait, comme si elle découvrait le décor pour la première fois. Elle avait soigneusement évité son regard, étant consciente de ses piètres capacités de menteuse. Si jamais elle avait croisé ce regard familier, Chuck aurait sans doute compris que tout n'avait pas été dit.
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Sujet: Re: « quand la naine rencontre la rousse. » - Mer 4 Aoû - 0:15
Son prénom flottait dans les airs comme un espèce de mauvais présage. Avant, je ne cessais de pépier son nom qu'importe la raison. Aleksah avait été habituée à cela. Si mes rumeurs n'étaient pas fondées, elle devait certainement se poser la question du pourquoi je n'avais pas hurlé Red à tout bout de champs, quémandant de connaître chaque parcelle de sa vie depuis mon départ. Mais ce matin tout était différent. Pire que de prononcer le prénom d'un défunt, pire que le jour où nous avions manqué de réellement cramer la salle de cours. Mes pieds battaient un tempo régulier sur le sol, attendant une réponse qui ne venait pas de la part de la petite brune. Mes yeux allaient, venaient, clignaient sans arrêt se posant quelque fois sur la maison de Red, sur la voiture trônant devant son garage ou bien même sur la fenêtre de sa chambre à peine visible de là où j'étais postée. Inutile de continuer ce malentendu plus longtemps. Chacune d'entre nous savait pertinemment que son prénom allait apparaître dans la conversation d'un instant à l'autre. Je n'étais pas assez discrète, pas assez patiente pour demander de plus amples informations à quelqu'un d'autre. Je ne voulais pas franchement vérifier mes sources de peur d'affronter la vérité, de me retrouver nez à nez avec mes erreurs passées. Il me fallait une confrontation directe, un peu d'action. Il me fallait toujours « un peu d'action » ce qui exaspérait tout le monde à l'époque. Même lors des contrats publicitaires ou des voyages 'd'affaires' je cherchais toujours le chaos le plus total, l'aventure. La peur de l'ennuie me rongeait depuis ma plus tendre enfance, au plus grand damne de mes amis. Plus ou moins perdue dans mes pensées, je n'écoutais qu'à moitié le flot de parole déversé par Alex. Elle ne m'arrivait pas vraiment à la cheville niveau flopée de mots inutiles mais tentait de faire tant bien que mal un résumé de sa vie au cours des deux dernières années. « Eh bien je... poursuis vaillamment mes études. C'est pas mal ça. Le succès est assuré, dans un coin pareil. Je n'ai toujours pas eu de poussée de croissance, comme tu l'as sans doute remarqué. Et ma vie sentimentale est toujours aussi chaotique. Tu vois, genre comme quand on était gosses. Enfin bref. Tu veux t'asseoir ? Je t'aurais bien invitée à rentrer, mais mon père roupille encore, lui. » Je la suivais sans rechigner, quelque peu perturbée par mes talons et la maigre qualité du sol de Marbleton. Une fois assise à côté d'elle, la différence de taille était moins flagrante. Une tête seulement nous séparait l'une de l'autre et, en m'éloignant un peu, je semblais pratiquement à la hauteur de ses yeux. Alors comme ça, Alex faisait des études. Je ne savais même plus quels étaient ses plans à la sortie du lycée alors qu'on en avait souvent parlé à l'époque. Et puis, j'étais là lorsqu'elle avait commencé ses études et que moi, la fille volage et peu encline à l'école s'était réfugiée dans un café-bar pour gagner de quoi me tirer loin d'ici. Mon plan avait fonctionné beaucoup mieux que prévu. Je n'avais pas le « succès assuré » comme pouvait le dire mon 'amie' mais j'avais eu une chance inestimable et totalement injuste et maintenant mon succès et ma retraite étaient assurés. J'hochais vaguement la tête en signe de total adhésion à ses paroles. Je ne voulais pas la froisser, ni lui sembler hautaine ou je ne sais quoi d'autres. Elle devait déjà penser que je n'étais qu'une sale peste pleine aux as. Pas besoin d'en rajouter. Ajustant mes cheveux avec désinvolture, je me tournais à nouveau vers elle pour formuler une réponse en accord avec ce qu'elle attendait de moi. « Oui je vois. Tu fais des études de quoi déjà ? J'me souviens plus. » Merde. Une parole déplacée, une. « J'imagine que ce n'est pas vraiment l'action qui prime à Marbleton. Tu vas sûrement tout déchirer dans ta branche. Comme on avait dit au lycée si je me souviens bien. » J'hésitais vaguement à continuer sur le terrain glissant de nos vies sentimentales. Devais-je lui prouver que je n'étais pas une sale traînée se tapant tous les mannequins pour caleçons du quartier ou devais-je au contraire me faire passer pour ce que je n'étais pas dans le but de satisfaire ses pensées néfastes envers mon métier ? Et puis, elle risquait à tout moment de m'apprendre que Red et elle vivait une tumultueuse et sombre histoire d'amour. Une histoire pleine de disputes, de verres brisées et d'amour compulsif. Quelque chose que lui et moi n'avions pas connu. Du moins, la partie compulsive. Nous étions simplement fait pour être ensemble. À l'époque, aucune autre issue ne nous était apparue, il nous semblait évident que nous étions fais l'un pour l'autre. C'était écrit comme j'aimais à le dire à qui voulait l'entendre. Mais aujourd'hui, rien n'est écrit. Du moins, rien ne me semble joué d'avance. Ni une fabuleuse histoire entre lui et Alex, ni le renouveau de notre histoire passée. Alex était bien trop candide et mutine pour quelqu'un comme Red. J'étais mal placée pour le dire, moi la grande optimiste de la vie avec son sourire et sa fraicheur. Surtout lorsque j'avais déchiré notre relation en lambeau, ne laissant derrière moi que l'ombre de nos vies. Je tentais de commencer une phrase. Une phrase simple, sans détour. Une phrase qui ne serait pas vraiment une question malsaine et déplacée. Une phrase qui ne la vexerait pas. Une phrase dont la réponse n'ouvrirait pas une plaie béante à l'intérieur de mon cœur mais qui m'éclaircirait un peu sur la situation. La tâche se révélait plus compliquée que prévue. Les secondes s'écoulaient, s'étirant en minutes d'une manière plus que suspecte. Je sentais de temps à autre le regard d'Aleksah sur le rideau roux que formaient mes cheveux mais restais le regard rivé sur mes pieds, tapotant les marches de l'escalier en rythme. Le terrain était glissant. Le terrain était effrayant même. Finalement, je me décidais à ouvrir la bouche sans trop savoir ce qui allait en sortir. Peut-être une histoire de licorne à vous fendre le cœur, ou tout simplement une autre volée de mots inutiles. Je plongeai mon regard dans celui pétillant d'Alex, prenant une légère inspiration qui marquait mon hésitation anormale. « Je... tu.. euh.. Enfin, si ça peut te rassurer c'est pareil pour moi. Au milieu des projecteurs tout semble brillant et tout mais c'est sûrement pas dans un studio que tu croises le grand amour. Je crois plutôt que l'amour fuit ce genre d'endroits tu vois. » Léger rire chevrotant. Pas vraiment Chuck, pas vraiment rassurant. « Allez raconte moi. C'est qui l'heureux élu ? Que je me remette un peu dans le bain des histoires de cœur tumultueuses et passionnées de Marbleton. Ça m'avait manqué. » J'évitai de justesse le ' Il m'avait manqué ' et ou encore le ' Ce genre d'histoire que j'ai connu aussi quand j'étais ici. ' Mes mains tremblaient légèrement, j'ignorais pourquoi... ou du moins, je tentais de me voiler la face, histoire de garder un peu de contenance. Je n'allais tout de même pas jouer la veuve éplorée face à Alex qui avait sûrement vécu l'après-Chuck en détails suite à mon départ. Elle devait sûrement penser que je n'étais qu'une égoïste. Dans le fond, elle devait avoir raison. L'accomplissement de soi avant l'amour. Doctrine du XXIème siècle, c'était ce que j'avais de mieux à offrir comme défense à mes actes.
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